[Photographes] Mon passage chez Sony
Une décision difficile
Après de nombreuses années équipé en boitiers Canon, de nombreux objectifs, accessoires et équipements compatibles, c’était un important facteur à prendre en compte dans ma quête du boitier le plus adapté à notre usage en tant que professionnels et pour la meilleure qualité possible.
Si je m’étais focalisé sur la meilleure qualité photo possible sans considération de budget, je me serais sûrement arrêté sur le l’EOS R de par ses qualités optiques exemplaires et sa gamme d’objectifs à très grande ouverture car oui, l’objectif prime sur le boitier et de loin car le plus important au final en photo reportage est de saisir l’instant.
Mais tout ne se résume pas à la qualité d'image ou à l'ouverture d'un objectif et il a fallut aller regarder dans les détails. Je cherchais donc à renouveler 2 boitiers plein format de chez Canon et quitte à investir, autant investir dans l’avenir et les dernières technologies hybrides étaient arrivées à maturation avec plusieurs avantages comme l’autofocus plus performant en continu, le poids et le volume réduit. C’est là que le bas blesse chez Canon, le retard évident au niveau de la technologie autofocus et la lenteur du mode rafale était un point discutable et les performances en retrait en terme de vidéo (crop 4K, 60 images par seconde seulement, rolling shutter catastrophique…) enfoncent clairement le clou mais l’absence de second port carte mémoire a sûrement été l’élément déterminant dans ma décision de passer à la concurrence, sans parler du prix des objectifs RF qui, bien qu’exceptionnels sont particulièrement chers.
Pour les mêmes raisons, je n’ai pas cherché du côté de chez Nikon qui, bien que plus en phase avec ce que l’on cherche aujourd’hui en terme de technologie vidéo. L’absence de second port carte mémoire et pour le coup l’absence totale d’objectifs natifs de qualité à la sortie ont rapidement restreint mon choix à Sony.
Le choix est fait
Le grand gagnant de l’histoire est donc le Sony A7III, qui propose tout ce dont j’avais besoin pour 3x moins cher et 2 fois plus léger que l’équivalent chez Canon (le 1DX mark 2). Sony ayant fait sa place sur le marché du plein format hybride depuis plusieurs années, la gamme d’optiques est étendue et complète et l’adaptabilité des optiques canon étant excellente avec un autofocus parfaitement fonctionnel en photo en ont fait un choix évident pour un Canoniste. De plus, la dernière génération de batteries Sony n’ont rien à envier à l’autonomie de nos boitiers reflex plein format. Les performances bruts du capteur plein format 24x36 de 24 millions de pixels écrasent la concurrence et de loin.
A l’usage
Tout d’abord, ça change ! Il est évident que l’hybride a des avantages non négligeables par rapport à la technologie reflex, la prévisualisation de l’exposition en temps réel est un réel plus et permet de réaliser plus de clichés car je ne suis pas obligé de vérifier mon exposition une fois les clichés pris après un réglage.
Malheureusement, une technologie de pointe nécessite un apprentissage de tonnes de nouvelles fonctions et de raccourcis qui vont bien au delà d’une ergonomie différente d’une marque à l’autre, les différents mode d’autofocus, zones etc… Lorsqu’on a passé des années à utiliser principalement le collimateur central, cela fait beaucoup d’informations à assimiler, le confort à l’usage par contre, lui, est révolutionnaire : le suivi en continu de l’oeil de notre sujet permet de gagner du temps et le taux de rejet des photos à très nettement diminué. Toutefois, on a tendance, pour le coup, à faire plus de clichés que nécessaire, là ou précemment je doublais ou triplait certains clichés de peur d’avoir loupé la mise au point sur l’oeil, là le point y est systématiquement.
Vous l’aurez compris, je suis conquis par le système hybride mais il y a définitivement un temps d’adaptation et un certain temps pour paramétrer les nombreuses touches d’accès rapide et menus personnalisés, c’est là que le système prend tout son sens, une fois paramétré aux petits oignons, on y gagne en efficacité.
Ce que je n’aime pas
La molette !
Le tableau n’est malheureusement pas tout rose, et je pense qu’il y a encore du travail aux ingénieurs Sony pour améliorer leurs appareils hybrides.
Ce qui m’agace le plus, est cette fichue molette avant qui est placée bien trop bas, habitué à régler ma vitesse sur mes Canon grâce à cette molette, j’ai été obligé de garder le réglage par défaut, celui de l’ouverture et d’utiliser la molette arrière. En effet, le boitier étant relativement petit, une fois le grip tenu, il y a au final trop peu de place pour déplacer mon index facilement lorsque je tiens l’appareil à une main (et je n’ai pas de très grosses mains). C’est la seule raison pour laquelle je pourrais envisager l’achat d’un grip. Il aurait été bien plus judicieux de mettre cette molette en hauteur haut dessus du boitier, comme sur mes anciens boitiers Canon.
Les menus
A trop vouloir en faire, des fois ça fait trop. Trop de réglages, de sous menus et des abréviations parfois incompréhensibles. Nous sommes vraiment très loin de la clarté et de l’efficacité des menus Canon. 5 menus principaux, 37 sous menus (!!!), et parfois des sous-sous menus… Bref, heureusement qu’il y a un menu personnalisable pour y mettre des raccourcis vers les fonctions les plus utilisées. De plus, lorsque l’on applique un profil d’image vidéo en mode vidéo, lorsque je reviens en mode photo le profil d’image est toujours actif alors que je suis réglé en raw… J’ai découvert un peu tard, que je pouvais utiliser les modes personnalisés pour la vidéo qui me permettaient de ne pas jongler avec les réglages en passant de la photo à la vidéo.
Bref, il y a des problèmes d’ergonomie qui sont corrigeables mais qui auraient mérité de ne pas être présents à l’origine !
Conclusion
On a longtemps reproché aux anciennes générations l’absence de deux ports de carte mémoire, une autonomie très inférieure et une lenteur générale à l’usage qui pouvait être pénalisante comparé aux reflex, mais cette époque est belle et bien révolue sur tous les points et cette génération d’hybride plein format Sony est arrivée à maturation. Tout y est ou presque, Sony écoute ses clients et chaque nouvelle génération le démontre et des mises à jour apportent de nouvelles fonctionnalités (amélioration de l’eye AF et ajout de l’animal eye AF le mois dernier par exemple…).
C’est une transition qui nécessite un certain apprentissage, un changement d’habitudes et pas mal de temps à configurer son boitier pour qu’il soit à 100% de son efficacité. Les performances générales, l’autonomie, les performances en basses lumières spectaculaires (vraiment spectaculaires), la dynanique du capteur et le confort apporté par les performance de l’autofocus (eye AF). Si vous hésitez à faire le grand saut et que vous êtes prêts à faire l’effort de bouleverser vos habitudes, vous serez très certainement conquis.
Il y a une certaine marge de manoeuvre afin d’améliorer certains défauts, c’est certain mais une fois l’appareil en mains, on a en main l’outil presque parfait.
Cela fait du bien de voir un constructeur qui écoute ses clients et qui intègre ses meilleures technologies dans un boitier censé être “d’entrée de gamme” ce qui lui permet d’écraser la concurrence sur presque tous les points.